Le navigateur engagé dans le prochain Vendée Globe et dont Déchets Infos est partenaire finit sa préparation avant le départ, programmé samedi 10 novembre. Il nous a expliqué comment il gérait ses déchets à bord pendant la course.
« A bord, nous produisons assez peu de déchets. La majorité de nos déchets restent à terre, avant le départ. Par exemple, nous avons une pharmacie très importante, compte tenu du fait que nous devons pouvoir faire face à toute éventualité [pour mémoire, lors de sa première participation au Vendée Globe, Bertrand De Broc avait dû se recoudre lui-même la langue, entaillée par ses propres dents à l’occasion d’un choc ; ndlr]. A l’origine, chaque élément (médicament, instrument, compresses…) est emballé dans du carton, que j’enlève systématiquement avant de partir. Je ne garde que les plaquettes (pour les cachets, par exemple) ou les emballages qui garantissent la stérilité.
Idem pour la nourriture, qui est essentiellement lyophilisée : je n’emmène que l’enveloppe en plastique et son contenu ; les cartons restent à terre.
Ensuite, en mer, je mets tous les déchets autres qu’organiques (essentiellement des plastiques) dans un sac poubelle. Cela fait environ un sac de taille moyenne par semaine. En trois mois de course, ça me fera donc une douzaine de sacs.
Dans une course au large, il faut avoir de la chance, en particulier pour ne pas percuter un “OFNI” (objet flottant non identifié), qui est souvent un déchet. Lors de mon parcours de qualification cet été, par exemple, je suis passé très près d’une grosse palette en bois de plus de 2m50 de côté. A la vitesse à laquelle j’allais, si je l’avais percutée, c’était la voie d’eau garantie et peut-être la fin de la course avant de l’avoir commencée…
En mer, on peut croiser toutes sortes d’objets : des poutres, des troncs d’arbre, parfois des conteneurs tombés de bateaux et qui flottent entre deux eaux. Parfois, des sacs plastiques se prennent dans le safran [partie immergée du gouvernail, ndlr] ou dans une dérive, ce qui freine le bateau.
La rencontre d’un OFNI est un risque important, en particulier dans l’Atlantique Nord. Je pense que c’est lié au trafic maritime très intense dans cette partie de l’océan, qui est donc plus polluée par ces objets. Ensuite, plus on descend dans le Sud, plus ces déchets se raréfient.
A 25 ans, j’ai travaillé pendant un an dans la marine marchande. A l’époque, on jetait tout ou presque par dessus bord. Aujourd’hui, j’ai l’impression que tout le monde fait beaucoup plus attention. C’est mieux ainsi. »