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Déchets verts et incinérateurs de jardin :
des grandes enseignes jouent avec le feu

Un "incinérateur de jardin" dans un magasin Truffaut début avril près de Paris.

Un « incinérateur de jardin » dans un magasin d’Ile-de-France (où ces appareils sont pourtant pratiquement interdits d’usage).

Leroy Merlin, Bricorama ou Castorama vendent en magasin et sur Internet des «incinérateurs de jardins» pratiquement inutilisables si on veut respecter la réglementation. Les acheteurs potentiels n’en sont, sauf exception, pas informés.

« Brûlez facilement herbes et branchages avec cet incinérateur de 110 litres en tôle. » Voilà ce que l’on peut lire sur le site Internet de Castorama. Bricorama et Leroy Merlin proposent le même type de produits, parfois avec des argumentaires similaires. On vous y explique l’intérêt de l’appareil, ses qualités techniques (cheminée, clapet pour régler le tirage, poignées, stabilité…), comment l’entreposer pour qu’il dure le plus longtemps possible. Mais nulle part on ne vous dit que le brûlage des déchets de jardin est interdit sauf dérogations strictement limitées, comme l’a rappelé une circulaire de 2011. Or selon ce texte, qui se réfère en particulier au Code de l’environnement, l’interdiction de brûlage est totale et permanente en zone urbaine. En zone péri-urbaine ou rurale, des dérogations peuvent être accordées par les préfets, mais uniquement s’il n’existe pas de collecte de déchets verts en déchetteries ou en porte-à-porte (ce qui est de plus en plus rare), à condition que l’on ne soit pas en épisode de pollution, et seulement hors zone de plan de prévention des risques incendie de forêt (PPRif). En cas de dérogation selon ces critères, le brûlage ne peut de toute façon être effectué qu’à certaines heures : entre 11 h et 15 h 30 en décembre, janvier et février, et entre 10 h et 16 h 30 les autres mois.

Bref, pour 90 ou 95 % de la population, voire plus, ce genre d’appareil est inutilisable, sauf à se mettre dans l’illégalité.

Contacté (en 2014) par Déchets Infos sur le manque d’information des acheteurs potentiels, Truffaut, qui en vendait à l’époque, avait fait savoir qu’à la suite de notre courriel, un texte avait été ajouté sur son site Internet et sur les appareils vendus en magasin. Il y était dit qu’il s’agit d’un « produit à usage réglementé » et qu’il faut se « renseigner auprès de [sa] mairie » pour savoir « si l’usage est autorisé ou non dans [son] jardin, et dans certains cas à quelles périodes cela est possible ». Depuis, il semble que l’enseigne ait cessé de vendre ce type d’appareil (voir l’addendum en fin d’article).

Leroy Merlin, de son côté, a essayé de nous faire croire qu’il ne s’agit pas d’incinérateurs mais de « cuves de jardin » pour faire sécher naturellement (donc sans feu) les déchets verts. Mais si on cherche un « incinérateur » sur le site Internet de l’enseigne, c’est bien à ces « cuves de jardin » qu’on arrive. Et un de ces modèles est doté d’une cheminée en partie haute et de trous en partie basse pour le tirage…

Bricorama et Castorama n’ont pas répondu à nos sollicitations. Comme Leroy Merlin, ces entreprises affichent pourtant sur leur site Internet et dans leurs rapports annuels leur amour du développement durable et leur volonté de protéger l’environnement…

L’article complet dans Déchets Infos n° 44.


Addendum de mars 2019 : Truffaut ne vend plus d’incinérateur de jardin ou de « grille-herbe », au moins sur son site Internet. En revanche, Castorama, Bricorama et Leroy Merlin continuent…


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