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«Fossilisation» des déchets : réponses de Déchets Infos à Néolithe

(Modifié le 27 juillet à 3h30 au sujet des comparaisons des bilans carbone avec l’incinération, avec l’ajout d’un passage sur un mot oublié dans notre article publié le 10 juillet.)

Dans un document diffusé à ses «clients et partenaires» (mais qui ne nous a pas été communiqué), Néolithe met gravement en cause Déchets Infos, avec des accusations mensongères. Nous y répondons ici.

A la suite d’un article publié par Déchets Infos sur le procédé de traitement des déchets de l’entreprise Néolithe (article visible ici), cette dernière a diffusé à ses « clients et partenaires » des « réponses à Déchets Infos » (voir le document), mais sans respecter la procédure légale du droit de réponse applicable à la presse.

En particulier, ces « réponses » ne nous ont pas été envoyées, ce qui est particulièrement déloyal. Nous les avons obtenues indirectement.

Pire, ces « réponses » comportent plusieurs accusations fausses et gravement diffamatoires à l’encontre de Déchets Infos.

Enfin, Néolithe, tout en prétendant être « attachée à la contradiction » et « la respecter », refuse de nous dire à qui et à combien de personnes elle a envoyé ses « réponses », ce qui est là encore particulièrement déloyal de sa part puisque cela nous empêche de répondre de façon adaptée directement aux personnes qui ont été destinataires de son document.

Nous répondons donc ici à Néolithe. Nous sommes à la disposition de toute personne qui souhaiterait des précisions sur nos réponses.


A propos du bilan carbone du procédé Néolithe

Néolithe prétend que Déchets Infos l’accuse de présenter « des chiffres variables et non précis ».

Et elle accuse Déchets Infos de ne pas lui avoir demandé de précision à ce propos (« il aurait suffi de nous demander des précisions sur ces chiffres pour parfaitement les comprendre »).

Or notre article indique : « […] Le calcul des émissions brutes et évitées dépend du périmètre considéré, de la date à laquelle les données de base sont prises en compte, etc. »

Nous expliquons donc qu’il est normal de ne pas avoir de chiffres au kg près. Néolithe n’est pas mis en cause dans notre article sur ce point.

Et notre article dit également : « Contacté par Déchets Infos, Néolithe précise que la quantité de carbone stockée a pu évoluer avec l’évolution du procédé de “fossilisation accélérée” et qu’en outre, cette quantité dépend aussi de la composition des déchets traités. »

Nous avons donc communiqué à nos lecteurs les explications que Néolithe nous avait données, à la suite de questions que nous lui avions envoyées.

L’accusation de Néolithe est donc mensongère.


Sur les comparaisons des bilans carbone avec les autres procédés

Néolithe indique que « les chiffres présentés [par Néolithe, ndlr] pour les solutions actuelles (enfouissement / incinération) sont des chiffres d’émissions nettes, qui prennent donc en compte la récupération de chaleur pour la valorisation énergétique, contrairement à ce qu’explique l’article » de Déchets Infos. [souligné par nous]

Néolithe a raison sur un point : dans une phrase (et une seule) de notre article paru le 10 juillet, nous comparions les émissions nettes de l’incinération avec les émissions brutes du procédé Néolithe. Et dans cette phrase, nous avons oublié le mot « brutes » concernant les émissions du procédé Néolithe. Cet oubli a depuis été corrigé (le 27 juillet).

Toutefois, dans le reste de notre article, nous nous référons ensuite uniquement aux émissions nettes du procédé Néolithe, puisque nous parlons de « puits de carbone », donc d’émissions nettes négatives, dues au fait que selon Néolithe, les émissions évitées de son procédé sont plus importantes que ses émissions brutes.

Notre oubli du mot « brutes » n’affecte donc pas le sens général de l’information donnée dans notre article ni son exactitude.

Néolithe aurait pu, constatant notre erreur (oubli d’un mot), nous contacter directement, ce qui nous aurait permis de corriger plus rapidement la chose. Au lieu de cela, Néolithe a diffusé dans notre dos, sans nous en avertir et sans nous la communiquer, sa « réponse ». Ce qui tend à montrer que le but de Néolithe n’était pas tant de nous permettre de corriger notre erreur, que de pouvoir dire que nous nous étions trompés, et de le dire dans notre dos.


Par ailleurs, l’erreur que Néolithe nous reproche — à bon droit —, Néolithe la fait lui-même dans sa plaquette diffusée à l’automne dernier (ce qui est d’ailleurs, peut-être, la cause de notre propre erreur…).

En effet, voici un extrait (annoté par nous, avec les ajouts en vert et en bleu) de cette plaquette :

Où l’on voit que Néolithe compare les émissions brutes de l’incinération (sans prendre en compte les émissions évitées grâce à la valorisation de la chaleur) avec les émissions nettes de son procédé.

Dans notre article, nous indiquions que cette manière de faire est « trompeuse », puisqu’elle aboutit à maximiser l’écart entre les émissions de l’incinération et celles du procédé Néolithe. Notre propos sur ce point reste valable.

Nous avions discuté, en novembre dernier, au Salon des maires, avec Néolithe, de cette comparaison avec les émissions brutes de l’incinération. Nous avions indiqué — déjà — à Néolithe qu’elle nous semblait trompeuse. Néolithe avait maintenu sa position, soutenant que les émissions de l’incinération auxquelles elle se référait étaient des émissions nettes, ce qui est faux.


Pour ceux qui souhaiteraient savoir quelles sont les émissions nettes de l’incinération, voici un extrait de la base « Empreinte » de l’Ademe :

Pour calculer les émissions nettes, on additionne les émissions brutes (374 kg éq. CO2) aux émissions évitées (–212 kg éq. CO2), ce qui donne 162 kg éq. CO2, bien loin des 343 kg mentionnés dans sa plaquette par Néolithe.

Les émissions brutes de l’incinération figurant dans la base Empreinte sont légèrement différentes de celles auxquelles se réfère Néolithe (374 kg vs 343 kg). C’est probablement dû à une référence différente, portant par exemple sur une période et/ou une zone géographique différente. Cela n’affecte pas le sens global du propos.


A propos des certifications

Néolithe reconnaît avoir commis un « abus de langage » en parlant de « certification » à propos d’une ETPM (évaluation technique de produit et matériau). C’est ce que nous disions dans notre article.

Puis Néolithe redit que l’ETPM est une « certification ».

Donc Néolithe persiste dans l’« abus de langage » qu’il reconnaît une ligne plus haut… 😉


A propos de l’INERIS, du CSTB et du CEREMA

Néolithe écrit : « L’article laisse entendre que parce que Néolithe paye pour ses tests, les organismes qui réalisent ces tests seraient forcément biaisés. » [passage souligné par nous]

Et il ajoute : « […] c’est un affront à la déontologie des organismes concernés. »

Néolithe nous accuse donc de mettre en cause l’INERIS, le CSTB et le CEREMA en laissant entendre qu’ils seraient « biaisés », ce qui constituerait « un affront à [leur] déontologie ».

C’est totalement mensonger.

A aucun moment Déchets Infos ne met en cause l’INERIS, le CSTB et le CEREMA et Néolithe serait bien en peine de citer la moindre phrase, le moindre extrait de phrase tirés de notre article qui contiendraient une telle mise en cause.

Ce que nous avons écrit, c’est que :
les prestations réalisées pour Néolithe par l’INERIS et le CEREMA sont des prestations commerciales, que Néolithe a payées ;
dans le cadre de ces prestations, l’INERIS n’a travaillé qu’avec les éléments que Néolithe lui a fournis (un échantillon dans un cas, deux dans l’autre) ;
c’est Néolithe qui a choisi les échantillons, les a fait analyser et les a transmis, avec les résultats des analyses, à l’INERIS.

Pour affirmer cela, nous sommes basés sur ce qui est écrit dans les rapports de l’INERIS.

Par exemple, dans le rapport sur le caractère dangereux ou pas des granulats d’Anthropocite, l’INERIS écrit : « Le prélèvement de l’échantillon de granulats ayant été réalisé par la société Néolithe, l’Ineris ne se prononce pas quant à sa représentativité vis-à-vis du gisement de déchets étudié. »

Ou encore : « […] la spéciation a été réalisée sur la base des informations initiales et complémentaires transmises par Néolithe dans le cadre de cette étude ». [souligné par nous]

Dans le rapport sur l’admissibilité en ISDI, l’INERIS écrit : « les analyses nécessaires à l’étude ont été fournies par la société Néolithe ».

Plus loin, le rapport dit qu’il a été établi « sur la base des analyses fournies par Néolithe le 27/10/2023 ». [souligné par nous]

Et plus loin : « Il est toutefois souligné que seuls deux échantillons ont été constitués et analysés. Le guide SETRA 2011, comme déjà mentionné précédemment, fournit des recommandations quant à l’échantillonnage. […] Dans le présent cas, ces recommandations ne sont pas respectées. » [souligné par nous]

Et encore plus loin : « Cette étude est réalisée pour évaluer l’impact environnemental du béton “substitué”, en cas de perte de la traçabilité du béton “substitué” et de la valorisation de ce déchet. Elle ne s’appuie que sur deux échantillons. Une variété potentielle des concentrations analysées n’est par conséquent pas évaluée. » [souligné par nous]

En revanche, le CSTB et le CEREMA ont tenu, chacun, à faire des mises au point relatives à ce qu’affirme Néolithe, notamment sur son site Internet.

Nous citons ces mises au point dans notre article.

Par exemple, à propos du CSTB, nous écrivons :

<<L’ETPM « ne vise qu’à déterminer des caractéristiques intrinsèques d’un produit ou d’un matériau », indique le CSTB, que ces caractéristiques soient bonnes ou mauvaises. Elle « n’a pas de valeur d’avis technique » au sens des textes réglementaires — et a fortiori pas de valeur de « certification ».>>

Quant au CEREMA, il nous a écrit par courriel : « Non le Cerema n’accompagne pas Néolithe par un processus de certification mais par des actions de caractérisation des matériaux produits et de préfiguration d’une filière. » [souligné par nous]

Ce qui, dans notre article, est indiqué ainsi : <<[…] Cette prestation [du CEREMA, ndlr] n’a, en tout cas pour l’instant, rien à avoir avec une quelconque « certification», ni des granulats, ni du procédé de traitement des déchets de Néolithe.>>

Il n’y a donc là aucune mise en cause de l’INERIS, du CSTB ni du CEREMA. En revanche, il y a effectivement une mise en cause de la manière trompeuse dont Néolithe communique sur ses relations avec ces organismes.


A propos de la communication des documents et de la CADA

Néolithe indique que les rapports de l’INERIS qu’il a commandés ont fait l’objet uniquement d’un « usage interne » et que « personne d’autre n’en a été destinataire » (avant que nous, Déchets Infos, n’en obtenions une copie).

C’est faux puisque Néolithe avait envoyé ces rapports au ministère de la Transition écologique (MTE). Et c’est parce que ces documents ont été reçus par le MTE qu’ils sont devenus administratifs, et donc communicables au public (dont Déchets Infos).


A propos des échanges avec Déchets Infos

Après avoir indiqué qu’il y a eu « une vingtaine de mails de questions / réponses pour couvrir l’ensemble des questions du journaliste » (de Déchets Infos, à savoir l’auteur de ces lignes, ndlr), Néolithe prétend qu’« il n’y a donc pas eu d’échanges réels entre le journaliste et Néolithe » et qu’« aucun échange n’a été accepté par Déchets Infos » et enfin que « Néolithe n’a pas pu expliquer le process dans son ensemble ».

Par ailleurs, dans un courriel du 21 juin dernier, Nicolas Cruaud, fondateur et patron de Néolithe, indique que nous le « bombard[ons] de questions ».

Donc il faudrait savoir… Soit il y a eu 20 questions-réponses (par mail) couvrant « l’ensemble des questions du journaliste » et un patron « bombard[é] de questions », soit il n’y a « pas eu d’échanges réels », « aucun échange » et aucune explication.

A moins que Néolithe considère que les échanges de questions-réponses par mail n’ont pas été « réels »… 😉

Par ailleurs, Néolithe affirme que nous aurions refusé « des appels, rencontres ou visites de sites ». C’est faux. Nous avons refusé que Néolithe pose comme condition à la transmission d’informations le fait que nous devions visiter son usine ou rencontrer un de ses dirigeants. C’est très différent.

Nous avons préféré que nos échanges avec Néolithe aient lieu principalement par écrit (donc par mail), car c’est pour nous le moyen le plus sûr d’éviter qu’il y ait des malentendus, et que ce qui a été dit de part et d’autre soit contesté. Nous procédons très souvent ainsi, quels que soient les interlocuteurs.

Au vu de la manière dont Néolithe déforme nos écrits, nous avons manifestement bien fait… Cela nous permet au moins de prouver ce qui a été écrit, par Néolithe comme par nous…

Il faut souligner que Néolithe refuse de dire quoi que soit au sujet de son liant, si ce n’est qu’il est « minéral » et qu’il fonctionne « à froid ». Et Néolithe refuse de dire quoi que ce soit sur sa technique de broyage, paraît-il inédite.

Néolithe a aussi refusé, pendant des mois, de nous communiquer un rapport de l’INERIS dont Néolithe se prévalait pourtant publiquement — ce qui n’est guère loyal, parce que rien ne permettait alors de juger si ce que Néolithe disait au sujet de ce rapport était vrai ou pas.

Enfin, effectivement, pour l’instant, nous n’avons pas retenu le principe d’une visite de l’usine de Néolithe. Mais dès-lors que Néolithe refuse d’en dire plus sur son liant et sur sa technique de broyage, nous voyons mal ce qu’une visite de son usine aurait apporté de plus à notre article.

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