
Le Collectif 3R pointe l’incinérateur d’Ivry comme responsable d’une importante pollution aux dioxines à ses alentours. L' »étude » du collectif est très contestable. (photo : Olivier Guichardaz)
Une « étude » réalisée pour un groupe local de Zero Waste France affirme que des taux très élevés de dioxines ont été mesurés près de l’incinérateur d’Ivry. De nombreux médias ont repris l’information sans la mettre en question ni en perspective. Il y avait pourtant matière à creuser. Analyse d’un enfumage réussi.
Cela faisait longtemps qu’une ONG n’avait pas mené une offensive sur la question des impacts sanitaires de l’incinération des déchets et des dioxines. Cette fois-ci, c’est le Collectif 3R, groupe local de Zero Waste France, qui s’est lancé. Depuis quelques années, ce collectif lutte contre les projets du Syctom de l’agglomération parisienne dans l’Est parisien, notamment contre la reconstruction (avec réduction de capacité de 50 %) de l’incinérateur d’Ivry-Paris 13, à cheval sur le 13e arrondissement de Paris et Ivry (Val-de-Marne).
L’offensive a commencé par la publication, en pleine nuit (à 3h12 du matin), d’un article du Monde faisant état, en exclusivité, de la publication d’une « étude » menée par la fondation néerlandaise ToxicoWatch pour le Collectif 3R sur les émissions de dioxines qui seraient liées à l’incinérateur d’Ivry (voir l’article). Le communiqué de presse de 3R a suivi en début de matinée (visible ici). Il fait état de « concentrations records [de dioxines] relevées à proximité de l’incinérateur d’Ivry-Paris 13 ». Rapidement, les grands médias ont repris l’information, avec en particulier une dépêche de l’Agence France Presse (AFP), rediffusée par de nombreux titres. La presse spécialisée a suivi le mouvement. Pour autant que nous ayons pu en juger, aucun de ces médias n’a remis en doute la thèse de l’étude selon laquelle l’incinérateur serait responsable d’une importante pollution actuelle aux dioxines et aux PCB (polychlorobiphényles) à ses alentours. Et aucun n’a, semble-t-il, mis l’information en perspective, avec notamment les connaissances accumulées sur les incinérateurs et les dioxines depuis plus de 20 ans. Il y avait pourtant matière à travailler un peu le sujet. […]
• La déontologie acrobatique du Monde
• Une communication par déduction induite
• Le journalisme et la « p*** de fenêtre »
• Le biais de « l’ONG qui nous veut du bien »
• Le biais des « études » supposées scientifiques
• Une transparence à géométrie variable
• Une étude très contestable sur le fond
• Les données connues sur les dioxines et l’incinération
• Et l’environnement dans tout cela ?
Le dossier complet dans Déchets Infos n° 224.