Actualités, enquêtes et reportages sur la gestion des déchets

Métaux des crématoriums : la loi « 3DS » légalise la récupération sans accord des familles

Les dispositions sur la récupération des métaux extraits des cendres ont été adoptées sans aucun débat réel en séance publique. (photo : Olivier Guichardaz)

Les ayants-droits des défunts ne pourront pas s’opposer à la récupération des métaux extraits des cendres par les opérateurs funéraires. La valeur des métaux ne leur sera pas restituée, mais devra être confiée à des organismes d’intérêt général. Aucun moyen n’est prévu pour vérifier cette valeur.

La récupération, par les opérateurs funéraires, des métaux extraits des cendres des crématoriums devrait bientôt être légalisée via la loi sur « la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale », dite « loi 3DS ». La loi prévoit que la récupération pourra se faire sans demander leur accord aux ayants-droits des défunts, et sans qu’ils puissent s’y opposer. Le texte a été adopté en commission mixte paritaire le 1er février dernier (voir le texte) puis approuvé par l’Assemblée le 8 février et par le Sénat le 9. Il est donc définitivement adopté. A l’heure où nous bouclons, il n’est pas encore publié au Journal officiel.

Actuellement, la récupération des métaux extraits des cendres se fait hors de tout cadre légal et dans des conditions parfois assez surprenantes (voir notre enquête dans Déchets Infos n° 176). En particulier, l’autorisation des ayants-droits des défunts pour la récupération des métaux n’est généralement pas demandée. Les ayants-droits ne sont souvent même pas informés de la récupération. Les métaux récupérés sont souvent confiés à des opérateurs de récupération sans procédure d’appel d’offres. Quand les opérateurs funéraires ou les collectivités locales propriétaires des crématoriums confient ces métaux au principal de ces récupérateurs, la société néerlandaise Orthometals, qui détient environ90 % du marché français, ils n’ont aucun moyen de vérifier la composition des métaux récupérés ni la valeur qui leur est attribuée, puisque aucun échantillon témoin n’est conservé permettant de faire une contre-mesure (un autre opérateur, Europe Metal Concept, garde, lui, un échantillon, ce qui permet une contre-mesure). La société Orthometals refuse de communiquer la destination précise des métaux récupérés et ses comptes ne sont pas publiés (ce que permet le droit commercial néerlandais). Enfin, les gros opérateurs funéraires (Funécap, OGF…) utilisent les fonds générés par cette récupération et qui leurs sont rétrocédés par Orthometals pour défiscaliser une partie de leur impôt sur les sociétés, grâce à des dons qu’ils font à leurs propres fondations d’entreprise. Les mêmes opérateur refusent de rendre publics les comptes de leurs fondations d’entreprise.

Il y a quelques mois, le gouvernement avait voulu encadrer la récupération de ces métaux par le biais d’un décret. Mais le projet avait été retoqué par le Conseil d’Etat (lire plus bas et dans Déchets Infos n° 204). Finalement, c’est donc par voie législative que le projet est donc réapparu et a donc maintenant été adopté. L’évolution et le parcours de ce texte au long de la procédure parlementaire sont assez instructifs. Récit et analyse. […]

Débats minimalistes au Parlement
Les ayants-droits dépossédés de force
Un argumentaire sans rapport avec la réalité
L’usage des recettes précisé
La question du statut des métaux non tranchée
Rien sur le contrôle de la valeur et la prévention des vols
Un risque de censure constitutionnelle

Le dossier complet dans Déchets Infos n° 224.


 

Vous êtes abonné

Vous pouvez :
  • télécharger ce numéro

    • après vous être connecté à «l'espace abonné»
    • et si le document est inclus dans votre formule d'abonnement.
A défaut, vous pouvez :

Vous n’êtes pas abonné

Vous pouvez :
  • vous abonner
    • possibilité d'inclure dans l'abonnement le dernier numéro paru
Achats en ligne :
  • Votre panier est vide.

Déchets Infos n° 293 — 26 mars 2025

Au sommaire du numéro 293 de Déchets Infos (26 mars 2025) Dans l’actualité • PMCB : moratoire et « refondation...

Déchets Infos n° 292 — 12 mars 2025

Au sommaire du numéro 292 de Déchets Infos (12 mars 2025) Dans l’actualité • PMCB : vers un « moratoire » sur le...

PMCB : vers un « moratoire » sur la filière ?

Quinze organisations professionnelles demandent une « pause » dans le déploiement de la filière, le temps de remettre à plat...

PMCB : l’épineux problème des fenêtres à joints amiantés

Les éco-organismes demandent aux collectivités, par précaution, de refuser les fenêtres datant d’avant 1997 à cause d’un risque de présence...

Assurance : des collectivités et des opérateurs en difficulté

Plusieurs collectivités ont découvert que leurs véhicules n’étaient pas assurés au titre de la responsabilité civile depuis janvier. En cause,...

Paprec signe une convention judiciaire

Le groupe Paprec a signé une convention judiciaire mentionnant des faits susceptibles d’être qualifiés d’entente, corruption, favoritisme et blanchiment. Il...

Coûts du SPGD : les enseignements du dernier référentiel

La dernière version du référentiel des coûts de l’Ademe porte sur 38 millions d’habitants. Au menu, une hausse des coûts qui...

Déchets Infos n° 291 — 19 février 2025

Au sommaire du numéro 291 de Déchets Infos (19 février 2025) Dans l’actualité • Mauvais buzz sur les « poubelles...

Protoxyde : les incidents en hausse, des propositions pour en sortir

Elus et opérateurs constatent une augmentation des incidents dus à des explosions de bouteilles de protoxyde d’azote. Les coûts suivent...

Mauvais buzz sur les « poubelles à puce »

De nombreux sites Internet ont prétendu que la tarification incitative avec des « poubelles à puce » serait bientôt «...

A découvrir

L’Echo circulaire : prévention, réemploi, réutilisation, reconditionnement, recyclage émergent…

Toutes les archives

Nos articles classés par thème

- Déchets Infos