Plusieurs médias grand public ont été discrètement invités à enquêter sur des conteneurs de déchets de plastique renvoyés en France par la Malaisie. En novembre dernier, le cabinet de Brune Poirson désignait « les entreprises du recyclage » comme potentiellement liées à des exportations illégales. Enquête.
En novembre 2019, des informations avaient fuité dans certains médias concernant une amende administrative de « 192 000 € » infligée à un « courtier » en déchets accusé d’avoir procédé à l’exportation illégale en Malaisie d’une « vingtaine » de conteneurs de déchets en plastique. Les informations, communiquées notamment à l’Agence France Presse (AFP), pointaient en particulier les « entreprises du recyclage » comme possiblement impliquées dans ces exportations, mais sans apporter aucun élément accréditant cette hypothèse.
A l’époque, nous avions demandé des précisions au ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES), seul à même de détenir des informations sur cette affaire — et donc susceptible de les avoir fait fuiter. Nous n’avions reçu aucune réponse. Il faut croire que certains médias ont accès aux informations, et d’autres non.
Nous avons néanmoins pu révéler, le 20 novembre dernier, le nom dudit « courtier » : Felexia, une SARL dont le siège social était situé à Saint-Jory, en Haute-Garonne, à 20 km au nord de Toulouse (voir Déchets Infos n° 172).
Le 20 janvier dernier, le MTES a diffusé un communiqué indiquant que 43 conteneurs de déchets de plastique venant de France et exportés en Malaisie étaient renvoyés en France en raison du caractère illégal de leur exportation, mais sans préciser — une nouvelle fois — pourquoi ces exportations étaient illégales.
Enfin, le 11 février, l’association Robin des Bois a diffusé un communiqué donnant des précisions sur le retour des conteneurs en question. Joint par Déchets Infos, Jacky Bonnemains, porte-parole de Robin des Bois, a indiqué que certaines de ces informations venaient du MTES, sans préciser s’il s’agit du cabinet, de la DGPR (direction générale de la prévention des risques, en charge de tout ce qui a trait aux déchets), ou du PNTTD (pôle national sur les transferts transfrontaliers de déchets), chargé de tout ce qui a trait aux exportations et aux importations de déchets.
Au même moment et pour partie en amont de ce communiqué, plusieurs médias grand public (France Info, TF1, Europe 1…, et jusqu’à Paris Match, que l’on voit rarement s’intéresser à la gestion des déchets) se sont mis à enquêter sur ces conteneurs. Selon plusieurs sources, ils ont été aiguillés par des proches du pouvoir et leurs recherches ont été orientées vers un opérateur en particulier, Paprec, auquel le gouvernement en veut beaucoup car il s’est opposé au projet de consigne.
Nous avons en partie reconstitué l’histoire de ces conteneurs renvoyés par la Malaisie. […]
• Une seule et même affaire (+ une ?)£
• Un « trou » entre mars et décembre 2019
• Felexia, négociant plutôt que courtier
• Une entreprise en liquidation judiciaire
• Plusieurs récupérateurs concernés
• Des plastiques de qualité et de valeur
• Quel motif d’illégalité des exportations ?
• Les scellés, enjeu majeur
• Ouverture des conteneurs devant la presse ?
• Les derniers conteneurs attendus le 21
L’enquête complète dans Déchets Infos n° 178.