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Ecologie, ministère amer

La démission forcée de Delphine Batho du ministère de l’Ecologie, ce mardi 2 juillet, est regrettable sans que l’on parvienne, paradoxalement, à la regretter.

Elle est regrettable car elle laisse entendre, comme l’a dit Delphine Batho elle-même avant son limogeage, que l’écologie est la « variable d’ajustement » des choix gouvernementaux.

Elle est regrettable car, après le passage éclair de Nicole Bricq à ce ministère au début du quinquennat (pour une prise de position sur les forages d’hydrocarbures en Guyane), et après celui tout aussi rapide d’Alain Juppé au début du précédent quinquennat (victime, lui, d’une règle imbécile selon laquelle il faudrait être élu député pour rester ministre), elle laisse entendre que l’Ecologie serait un portefeuille de peu d’importance, dont le titulaire pourrait être changé sans conséquence, sans gravité, comme on se débarrasse d’un élément tout juste gênant, à peine embarrassant.

L’avenir, et notamment le débat budgétaire, dira si les craintes exprimées par la ministre avant son départ, sur la prise en compte des questions écologiques dans les choix gouvernementaux, étaient fondées ou non.

Pour autant, vu de notre place, nous ne parvenons paradoxalement pas vraiment à regretter son limogeage. Les raisons en sont multiples.

D’une part, il est de notoriété publique ou presque que Delphine Batho et son cabinet avaient une réputation détestable au sein du gouvernement. Le fait que les crédits du ministère de l’Ecologie pour 2014 soient annoncés en baisse de 7 % — si l’on en croit ce qu’en a dit Delphine Batho, et qu’a démenti le Premier ministre — en est un signe. Le fait qu’elle ait été débarquée en moins de 24 heures alors, par exemple, que le bouillonnant Arnaud Montebourg est toujours en poste après plusieurs propos qui ne sentaient guère plus la solidarité gouvernementale, en est un autre.

Si l’on resserre un peu la lorgnette sur notre — petite — position de journaliste spécialisé sur les déchets, nous devons le confesser : le départ de Delphine Batho est un soulagement.

Il suffit de regarder la « salle de presse » du site Internet du ministère pour comprendre : sur les six derniers mois, les communiqués relatifs aux déchets se comptent sur les doigts d’une main.

Ce ne sont pourtant pas les sujets d’actualité qui manquent dans ce domaine. Depuis des mois, par exemple, la commission consultative « emballages ménagers » n’a plus de président ; le ministère n’a toujours pas réussi à trouver un remplaçant au président démissionnaire.

La « clause de revoyure », qui devait permettre de mesurer l’atteinte des objectifs fixés à l’occasion du dernier agrément d’Eco-Emballages et de corriger si besoin le barème des soutiens, n’a toujours pas été appliquée, alors qu’elle devait l’être dès cette année, et les acteurs (collectivités, éco-organisme, ONG…) ne savent toujours pas sur quel pied danser.

Les nouvelles filières de responsabilité élargie des producteurs (REP) sur les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) et sur les déchets diffus spécifiques (DDS) se lancent péniblement.

Un rapport rendu public il y a quelques mois proposait un « choc de simplification » avec la suppression de plusieurs normes dont certaines concernent les déchets. Nous avions demandé la position du ministère, qui nous l’avait promise « rapidement ». Nous l’attendons toujours… Nous pourrions multiplier les exemples.

Certes, par rapport au temps où l’agenda de Delphine Batho n’était même pas publié, où nous apprenions les nouvelles du ministère par Twitter, les choses sont allées petit à petit en s’améliorant. Mais tellement lentement, et nous partions de tellement loin !…

Alors, en un sens, oui au changement. Oui à un ministère de l’Ecologie qui soit audible dans les médias, entendu et respecté au sein du gouvernement. Oui à un cabinet qui communique sans trop de langue de bois et dans des délais raisonnables. Oui à une Ecologie qui avance plutôt que de tergiverser, ratiociner, hésiter et finalement ne rien faire, ne rien dire, ou si peu, ou si mal, dans un domaine qui n’est pourtant pas mineur : la prévention et la gestion des déchets, l’économie dite circulaire, la préservation des ressources naturelles…

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